De Porto à Evora

Le Haut Douro

En route vers Regua pour un tour en bateau sur le Douro, on fait une délicieuse halte à Amarante, joli village qui unit à merveille une rue centrale que surplombent des maisons du XVIIème s., l'église Sao Gonçalo, du XVIème, qui renferme un beau buffet d'orgue, et le rio Tamega qui les sépare, mais que franchit un beau pont ancien.

Le saint des vieilles filles
Les vieilles filles qui recherchent un mari viennent volontiers prier à l'église Sao Gonçalo. On y attire les hommes par la prière, et surtout par les papos do anjo, gâterie patissière du coin.

A une centaine de kilomètres à l'est de Porto, Regua est une ville tranquille le long du Douro. C'est là que nous embarquons pour un tour en bateau qui va nous mener à Pinhao, en traversant les paysages vallonnés où s'accrochent sur terrasses ou en pleine pente, les vignes qui font le Porto. En 2001, l'UNESCO  a inscrit la région vinicole du Haut-Douro au patrimoine mondial de l'Humanité.
Le Guide du Routard : " Depuis 2000 ans, la vigne pousse dans cette vallée pentue, dotée d'un sol et d'un climat qui confèrent au porto des qualités uniques. Le schiste, merveilleux capteur naturel, restitue au raisin pendant la nuit la châleur torride de l'été accumulée le jour. L'implantation des vignes en terrasses fait la splendeur du paysage. Un vrai travail d'orfèvre. Depuis les crêtes, la vigne trace les courbes de niveau comme sur une carte de randonnée. Le Douro d'un bleu profond court son cours en fond de vallée, tandis que les quintas, mi-fermes mi-châteaux, découpent sur le coteau leurs formes blanches et nobles. C'est ici que le porto subit sa fermentation, l'additionnement d'agardente (eau-de-vie), avant d'être transféré à Vila Nova de Gaia par camion (finies les barques rabelos d'autrefois!) pour y vieillir tranquillement."

Sur le bateau, nous rencontrons un jeune retraité qui repère très vite nos airs de touristes français. Il a travaillé 40 ans en Ile de France, nous dit-il, il y a été heureux. Il est revenu au pays à l'occasion de sa retraite, mais il a le bonheur de passer plusieurs mois par an chez sa fille, dans les Hauts-de-Seine. J'ai deux patries, insiste-t-il.

Après deux heures de navigation, nous arrivons à Pinhao, village de 650 habitants. Sa gare est un morceau d'anthologie hors du temps, célèbre par ses azulejos polychromes.

Lamégo

Le retour à Régua se fait en bus, occasion d'une autre vision du paysage, pour une fin de journée à Lamego. Cette ancienne cité fortifiée de 27 000 habitants abrite une intéressante cathédrale (façade du XIIIème s., portail gothique mêlé de Renaissance, cloître du XVIème s.), le sanctuaire Nossa Senhora dos Remédios, accessible par un escalier géant de 614 marches, lieu de pélerinage depuis le XVIIIème siècle, et qui renfermerait, puisque nous nous sommes arrêtés en cours de route, l'une des plus belles constructions baroques de la péninsule. La vieille ville fortifiée renferme aussi les restes du château médiéval.
 

De Lamego à Coimbra

Beaucoup de kilomètres aujourd'hui pour rejoindre Coimbra, avec une étape à Aveiro. Sorte de Venise portugaise, cette ancienne ville de pêcheurs attire les touristes par ses canaux, qu'on peut parcourir en moliceiros, bâteaux traditionnels aux allures de gondoles, et par ses ruelles bordées d'immeubles Art déco et Art nouveau. La gâterie locale s'appelle ovos moles ("oeufs mous"), la recette se trouve dans l'encart à droite.

Le péril jaune
Oeuf mouMélanger des jaunes d'oeufs et du sucre jusqu'à obtention d'une pâte bien lisse, voilà en substance la simplissime recette des ovos moles. Prononcer quelque chose comme "ovch molch". Bien tenir compte des proportions:pour un kg de sucre, compter ... 60 jaunes d'oeufs!
 

Coimbra

Coimbra (142 000 habitants), se voit de loin. Accrochée à sa colline au-dessus du rio Mondego, cette ville ancienne est réputée l'une des plus prestigieuses et séduisantes du Portugal. Le centre historique tourne autour de l'Université, une des plus anciennes du monde occidental, avec Oxford, La Sorbonne, Salamanque et Bologne. Un habitant sur trois de Coimbra est étudiant. 
Au menu des visites, la vieille Université bien sûr, avec la superbe bibliothèque Joanine, la Sé Nova (nouvelle cathédrale) et la Sé Velha (vieille cathédrale), le musée Machado de Castro, dans l'ancien palais épiscopal du XVIème siècle, et la vielle ville aux vieilles rues pavées de silex. 

A Coimbra, le fado est exclusivement chanté par les hommes. Il est aussi plus joyeux et entraînant que celui de Lisbonne. Occasion d'une première initiation à ce chant populaire portugais.
Le fado, c'est la musique du Portugal. Autant qu'un chant, c'est un cri, une ambiance, un "état d'esprit" selon Amalia Rodrigues, ni gai ni triste selon le grand écrivain portugais Pessoa, pour qui le fado incarne la mélancolie et la force de la destinée contre la volonté humaine. Fado ne vient-il pas du mot latin "fatum", le destin? 
Le fado est né au début du 19ème siècle à Lisbonne, dans les quartier populaires, dont l'Alfama. A l'origine chantant la tristesse, la nostalgie, les petites histoires du quotidien, il a évolué dans les années 50 sous l'influence notamment d'Amalia Rodriguez qui utilise des textes de poètes célèbres.

De Coimbra à Evora

En route pour Obidos, avec la visite de deux fameux monatères, Batalha et Alcobaça.
Pas de pittoresque vallon ici, avec son sobre monastère roman qui inviterait au recueillement et à la prière. On est là dans la démesure, celle des bâtiments, immenses, et du style architectural, gothique et manuelin. 

La construction du monastère de Batalha commença en 1386, à l'initiative de Jean 1er du Portugal pour célébrer sa victoire sur les Castillans. Ca valait bien un petit remerciement à la Vierge Marie.

Les travaux du monastère d'Alcobaça commencèrent deux siècles plus tôt, en 1178. Il est considéré comme l'un des chefs d'oeuvre de l'art gothique cistercien.
Comme son camarade Batalha, il est inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco.

C'était un oppidum sous les romains, Obidos, 11 200 habitants, retrouve une seconde jeunesse quand la reine Isabel d'Aragon s'y arrête et éprouve un coup de coeur. Le même, ou presque, que celui du touriste, impressionné par les hautes murailles, et sensible au charme des ruelles blanches, des églises baroquisantes, et des nombreuses boutiques qui allègent judicieusement les porte-monnaies des touristes éreintés par la chaleur. 

Evora

Fatigue? ou peut-être avons-nous vu trop de belles choses? Nous n'avons sans doute pas apprécié à sa juste valeur la ville d'Evora (56 000 habitants), inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco, et considérée par le Routard comme l'une des plus belles cités du Portugal. 
La cathédrale est construite dans le style français du 12ème siècle. A sa visite s'ajoute celle du cloître et de la terrasse, qui offre un superbe panorama sur la ville et les alentours. Le temple de Diane est là pour nous rappeler que Rome était bien entendu au Portugal, mais malheureusement baché pour cause de travaux. La praça do Giraldo se remarque par ses arcades, dont aucune n'a la même forme.   

Prochaine étape, et pas des moindres, Lisbonne.

Diaporama musical

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